6ème épisode : Le quartier Lajarrige, un paradis préservé

Publié le 27 Avril 2014, 14:05pm

Le quartier de La Baule Les Pins, appelé quartier du Bois d'Amour, appartenait à la société des Dunes. Plusieurs projets d'aménagement avait été proposés à la fin du XIXe siècle mais tous avaient échoué. Cette partie Est de La Baule s'étendait sur 300 hectares et comme elles représentaient les plus hautes dunes, les terrains étaient particulièrement boisés. Ce n'est qu'en 1896 que l'on ouvrit la route principale : l'avenue de la Mer reliant les routes d'Escoublac à celle de Pornichet. Quelques lotissements existaient dans les dunes et au-delà de la voie ferrée. Mais tout était éparse et les chemins de sable n'étaient pas entretenus. Alors que les autres quartiers de La Baule s'équipaient rapidement au début du XXème siècle et créaient peu à peu une station balnéaire, le quartier du Bois d'Amour était délaissé. Louis Lajarrige est né à Saint Nazaire et dès 1902, en tant que député de la Seine, il amena des enfants d'ouvriers sur la Côte d'Amour. C'est à cette époque qu'il décida d'aménager le quartier du Bois d'Amour. Une partie, pourtant, resta la propriété de l'Etat, ce sont les 50 ha de la forêt d'Escoublac. En 1921, Louis Lajarrige acheta à la société des Dunes, 230 ha de pinède et fonda la Société Immobilière de la Baule Les Pins. Avec un capital de 4M de F., il voulait lotir et aménager le Bois d'Amour.

Après un concours d'architectes organisés en 1922, où les projets furent nombreux, M. Lajarrige confia finalement le plan du futur lotissement à M. Levêque. Le Conseil d'Etat accepta très vite le Plan d'Extension et d'Embelissement de La Baule. Ce grand projet prévoyait la création d'une étoile d'avenues rayonnantes, organisées autour d'une place centrale (la place des Palmiers). La principale avenue, reliant la gare à la plage serait, comme dans le quartier Hennecart-Darlu, l'artère commerçante. C'est l'avenue des Tilleuls (actuelle avenue Lajarrige). A l'ouest, une allée cavalière, bordée de deux avenues ; à l'est une autre étoile d'avenues assurait la liaison avec Pornichet (rond point de Rennes). La population craignant de voir disparaitre trop d'espaces boisés dans ce quartier, M. Lajarrige s'engagea à garder dans son aménagement un paysage forestier. C'est en 1923 que l'on inaugura la nouvelle station et dès l'hiver de la même année, 80 à 100 rues avaient été tracées. En 1927, les rails du chemin de fer furent déplacés vers l'intérieur (parcours actuel), autrefois, ils bordaient la plage.

Très vite, la vente des terrains et la construction de villas augmentèrent. En 1923, la Société Immobilière avait vendu pour 3 millions de F. de terrains. Huit ans plus tard, 212 villas avait été bâties dans le nouveau quartier. Ce développement exceptionnel que connut le Bois d'Amour, attira de nombreux commerces et de grands magasins tels que le Printemps ou Felix Potin qui vinrent s'installer place des Palmiers. De nombreux financiers s'intéressèrent également au quartier et ils construisirent des hôtels : trois étaient situés sur le bord de mer, mais le plus beau et le plus fréquenté restait celui de la place des Palmiers. C'est ainsi que La Baule Les Pins devint une véritable station de villégiatures. M. Lajarrige avait réussi à réaliser son rêve d'enfance, il avait aménagé en peu d'années un quartier attractif tout en préservant un aspect boisé. Il avait donné un cachet particulier au lotissement avec l'allée Cavalière, la place des Palmiers dont les premiers arbres furent plantés en 1922 et le fameux parc des Dryades où on avait érigé un pylône panoramique (aujourd'hui disparu) donnant sur toute la baie. La présence de la forêt d'Escoublac fait que cette partie de la Baule, a sous sa protection, non seulement le patrimoine végétal mais aussi le patrimoine historique puisque sous ses dunes, se trouve le premier village de La Baule.