Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

herlinmag.over-blog.com

herlinmag.over-blog.com

Herlin Magazine - Journal sur l'actualité et le paysage du littoral


Le sable, ressource naturelle en péril

Publié par Audrey Duforest sur 3 Novembre 2017, 15:09pm

Connaissez-vous le point commun entre les puces électroniques, la lessive, le dentifrice, le verre et la lessive ? Ils contiennent tous du sable. C'est même la seconde ressource naturelle la plus utilisée après l'eau. Les carrières et les rivières ayant été surexploitées, il ne reste que celui de la mer.

Et le sable des déserts me diriez-vous ? En effet, pourtant abondant dans certains endroits de la planète, sa forme "usée" et ronde le rend quasi inutilisable. Le sable marin est donc extrait de son milieu grâce à des milliers de dragues qui sillonnent les océans et prélèvent des quantité colossale destinée la plupart du temps au BTP. Il faut 200 tonnes de sable pour la construction d'une maison de taille moyenne, 3000 pour un hôpital, 30000 pour un km d'autoroute et 12 millions de tonnes pour une centrale nucléaire. A l'échelle de la planète, "le sable semble inépuisable car il est estimé à 120 millions de milliards de tonnes ! Le nombre de grains de sable sur la planète serait ainsi équivalent au nombre d'étoiles dans l'univers." (Eric Chaumillon, professeur de géologie marine à l'université de la Rochelle) Mais les statistiques sur la consommation de sable des pays en développement sont inexistants du moins de façon officielle. Pour les Nations Unies, on estime à 30 milliards de tonnes de sable par an de consommées dont 60% pour la Chine qui a elle seule, a consommé au cours des 4 dernières années, autant de sable que les Etats Unis en un siècle.

Avec cette frénésie, le sable est aujourd'hui l'objet de trafic organisé par des mafias. Singapour utilise le sable pour étendre sa surface territoriale. Mais aujourd'hui, les gouvernements indonésien, cambodgien, vietnamien et malaisien ont décidé de mettre fin à leurs échanges sabliers. En effet, ces pays se sont rendus compte du danger écologique que ces extractions engendraient. De ce fait, un trafic illégal s'est mis en place au dépend des populations locales mises à mal par les trafiquants.

 

En Asie toujours, l'Inde et l'accroissement urbain fait que le pays est devenu le 3ème bâtisseur au monde derrière la Chine et les Etats-Unis. Là aussi, une puissante mafia du sable impose sa loi. Pour s'alimenter en sable, l'organisation emploie même des mercenaires qui remontent eux-mêmes le sable du fond des criques et des rivières, via des dragues mécaniques et l'emportent sur des bateaux motorisés. Ces pirates du sable agissent sur plus de 8000 sites illégaux du sous-continent indien.

Le pillage du sable touche tous les pays du monde, sur tous les continents. C'est le cas au Maroc où la demande de construction explose. On estime que 40% du sable a été volé sur les plages marocaines, qui peu à peu disparaissent. Ce sable souvent mal lavé pour construire vite, n'est pas débarrassé du sodium de l'eau de mer, ce qui rend les constructions vulnérables à la corrosion.

Le trafic de sable accélère donc l'érosion côtière des plages, et les rend encore plus vulnérables aux tempêtes et aux inondations. La raréfaction de la ressource sablière met également en péril la faune et la flore océanique. En effet, le corail et la nourriture première de la chaîne alimentaire marines sont détruites ; la faune marine se retrouve sans abri et sans alimentation, l'écosystème marin perd son équilibre et l'homme est le 1er concerné par ces problèmes. Les pêcheurs autochtones se retrouvent privés de la base première de leur alimentation et de leur source de revenu comme en Indonésie par exemple.

Enfin, en France, des associations militent contre l'extraction du sable comme Le peuple des Dunes en Trégor. Ce collectif milite contre l'extraction du sable en baie de Lannion. La Compagnie armoricaine de navigation (CAN), qui produit des amendements agricoles à partir de sable marin, souhaite exploiter une dune sous-marine dans la baie. Cette dune est à cinq kilomètres du littoral et se situe entre deux zones naturelles. L'exploitation de cette dune va avoir quatre incidences majeures: tout d'abord c'est l'habitat du lançon, un petit poisson. Or, la disparition du lançon, source de nourriture pour des poissons nobles, entraînerait la disparition de ces derniers dans la baie. Conséquence, de nombreux pêcheurs seraient privés de leur travail et de leur source de revenus. L'extraction du sable va produire 170 décibels. Toute la baie sera arrosée par le bruit. La pollution sonore va être importante pour les habitants, et le bruit va faire fuir les poissons. La dune sous-marine sert d’amortisseur à la houle l’hiver. En cette saison, on peut avoir de fortes tempête dans la baie. Or, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) a montré que les dunes sous-marine bloquaient les tsunamis. Si la dune s'affaisse en raison de l'exploitation, la houle viendra abîmer le littoral. Enfin, lorsque l’on aspire du sable au large, celui des plages va glisser pour combler le trou. Si l’on n'a plus de sable sur nos plages, l'impact sur le tourisme va être important. Ces quatre points n'ont jamais été évoqués par l'enquête publique qui a été réalisée en 2011.

A Royan, Le projet "Le Matelier" ? Nous n'en voulons pas. " Didier Quentin, député de la Charente-Maritime et maire de Royan, soutenu dans son combat par six autres maires du littoral royannais, s'oppose à l'exploitation des sables et des graviers (les granulats) marins dans l'estuaire de la Gironde. Le site convoité est situé à quelques encablures de la côte, juste en face de la commune touristique des Mathes-La Palmyre, au lieu-dit « Le Matelier ». Deux sociétés, Granulats Ouest et Dragages Transports et Travaux Maritimes envisagent pourtant d'extraire pendant trente ans quelque 13 millions de mètres cubes de granulat.

Ainsi donc, le sable est un matériau encore peu reconnu, il est nécessaire que l'être humain prenne aujourd'hui conscience du phénomène de sa raréfaction, car cela affecte directement tant la planète que l'espèce humaine, avant que le dernier grain de sable ne soit écoulé sur le sablier planétaire.

Pour en savoir plus, un documentaire édifiant d'Arte, Le Sable Enquête sur une disparition : https://www.youtube.com/watch?v=OtqY4t5N5ok

 

 
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents