7ème épisode : Le remblai ou l'unité de La Baule

Publié par Audrey Duforest sur 9 Novembre 2017, 17:27pm

Tout le monde le connait le fameux boulevard de mer. On s'y promène à vélo, en voiture (beaucoup !), en rollers, en petits trains, à pied (parfois), mais surtout on y admire cette vue imprenable sur la baie du Pouliguen (son vrai nom).

Presque banal pour une station balnéaire que de construire un remblai, Cannes a sa Croisette, Nice, sa promenade des Anglais, La Baule devait de faire de même. Surtout qu'au XIXème siècle, le danger d'ensevelissement demeurait et cela malgré les plantations. Les concessionnaires des quartiers de La Baule eurent alors l'idée de bloquer les sables par un mur et d'y aménager un boulevard.

La première portion de boulevard fut l’œuvre de M. Hennecart. L'architecte Lafont qui s'occupait de l'aménagement du quartier, demanda dès 1880 à ce que l'on nivelle les dunes bordières. (dunes se trouvant en haut de plage) et que dessus l'on y construise un boulevard. L'année suivante, on protégea ce quai grâce à un mur de soutènement, les belles villas étaient enfin à l'abri. En 1927, on procéda à des améliorations sur le boulevard Hennecart. On fit remplacer le mur de soutènement par un autre plus résistant en granit taillé. Derrière ce mur, on amassa 150000m³ de sable, ce qui permit d'élever la chaussée. Pour plus de sécurité, on plaça en 1931, le long du boulevard, un garde-corps.

Une deuxième portion du remblai débuta à l'aube du XX^ème siècle. La société Benoit avait en effet, elle aussi, décider d'aménager son bord de mer en une élégante promenade. C'est en fait le Syndicat des Propriétaires qui effectua les travaux. La première tranche eu lieu entre 1926 et 1930, une murette bordée d'un garde-corps reliait l'avenue des Hirondelles à l'avenue de la Plage. En 1934, un mur en moellons, enduit de ciment, prit place jusqu'à l'avenue du Jardin Public. L'année suivante, il fut prolongé de 96m et atteignit l'avenue de la Tour Rouge. Les riverains du quartier Benoit ont toujours pris soin de leur esplanade et n'ont de cessé de l'embellir. Elle est aujourd'hui très recherchée pour son calme et sa quiétude. Dans le quartier Pavie, le remblai fut achevé en 1902. Il rejoignait ainsi celui d'Hennecart à l'esplanade Benoit. Toujours plus moderne, il était éclairé électriquement par l'usine de la famille Pavie. Quand M. André prit la succession du quartier, il fit élargir le boulevard sur 100m en gagnant 7m sur la plage (d'où l'avancée devant le casino). En 1926, il poursuivit ses travaux jusqu'à l'esplanade Benoit. Il y créa deux esplanades fleuries devant l'Hermitage et le casino.

A La Baule Les Pins, c'est M. Lajarrige qui construisit le remblai. Les travaux débutèrent en octobre 1927. Le travail était considérable, il fallait élever un mur de soutènement sur toute la longueur du front de mer. Pour réussir un tel projet, on apporta plus de 19000m³ de sable, graviers et pierres, 700T de ciment, 165T de fer et 3000 m³ de goudron. En moins de 6 mois, le nouveau remblai fut achevé. Bien des améliorations furent offertes au boulevard : élargissement, fleurissement, stationnement... son visage a souvent changé mais il se souvient sans doute de ces magnifiques villas, des premières voitures et des premiers baigneurs qui le traversaient.

Le remblai relie les quartiers entre eux et forme l'unité de la station. Il protège aussi les hommes des dangers marins. On a séparé la plage des constructions par un mur. Idée révolutionnaire ? Aménagement indispensable ? Il est en tous cas, la cause aujourd'hui, de bien des problèmes. Les fameuses dunes bordières qui ont été nivelées pour y construire le boulevard, était "la" source même de la "plus belle plage d'Europe". En effet, lors des tempêtes hivernales, la mer gagne du terrain sur la plage et elle emporte avec elle, une grande quantité de sable. Au lieu de prélever des sédiments des dunes, elle se fracasse à certains endroits contre le mur du remblai et vole le sable de la plage. Si les dunes n'avaient pas disparu, elles nourriraient la plage et la municipalité n'aurait pas chaque année, à apporter du sable, pour que chacun puisse continuer à bronzer sur sa serviette.