Quand la côte charentaise rencontre l'estuaire de la Gironde

La 1ère particularité dans cette partie des Charentes-Maritimes, là où la Gironde rencontre la mer, est que l'on appelle le plus communément d'ordinaire "une crique" prend ici, l'éthymologie de "conche".
D'où vient cette origine ? Conche vient du latin concha et signifie "coquillage; vase, récipient, en forme de coquillage ".  D'un point de vue géologique, conche signifie aussi bassin naturel qui constitue le second réservoir d'un marais salant ou bien, seconde définition, c'est une anse marine. Le mélange de ces 3 définitions est visible dans le paysage royannais. En effet, comme de nombreux littoraux, le pays de Royan est construit sur des marais et l'eau devait pénétrer sans doute par ses conches pour les alimenter. Puis, pour les besoins d'aménagement, les étiers ont été comblés ou canalisés, les conches sont devenus pour la plupart des petites plages en forme de coquillage, plein de charme où les touristes s'y prélassent l'été.
L'origine latine signifiant anse ou coquillage trouve toute sa signification pour ma part à la conche de l'Arnèche sur la commune de Meschers. On y accède après avoir traversé une forêt plantée sur des dunes grises. Ses falaises calcaires rappellent que nous sommes à l'embouchure de la Gironde. En effet, composée de  craie maestrichienne, la côte est peu résistante et des sables très fins se sont incrustés dans des poches creusées dans ces calcaires.
 

Les précipitations creusent la falaise et laissent apparaitre des cavités montrant parfois les racines des arbres plantés dans la falaise calcaire. La plage de l'Arnèche est une baie assez fermée à l'embouchure de la Gironde. Elle est donc pour sa grande majorité protégée des éléments mais les affrontent un peu dans sa partie sud, par sa partie la plus ouverte. La mer a creusée cette conche et sa forme ressemble à celle d'un coquillage. Un véritable havre de paix où la géologie parle d'elle même en observant les falaises et le platier rocheux.

 

A l'opposé au nord de Royan, à St Palais sur Mer, on découvre la Grande Côte.

Cette plage se termine au niveau de la pointe de la Coubre entre Les Maltes et la Tremblade. Cette pointe dunaire continue d'évoluer. Le recul principal se trouve sur la façade orientale où dès 1880 se forme une flèche sableuse, tandis que la baie de Bonne Anse se ferme à la navigation et prend des allures de lagon. Elle s'est formée par les forts courants au large de la côte sauvage et dans l'estuaire de la Gironde. Sa physionomie a beaucoup changé au cours des années 1850, mais on ne peut deviner ce qu'elle était avant 1825, date des 1er relevés précis de cette côte. Véritable trace historique de cette évolution, on sait que l'emplacement où se dressait l'ancien phare, détruit le 21 mai 1907, se trouve aujourd'hui à 1600 mètres au large, en raison du recul constant de la côte. Quant au phare actuel, volontairement construit à deux kilomètres de la côte en 1905, il n'est plus distant de l'océan que d'une centaine de mètres à marée haute. L'érosion est estimée ici à 25m par an. On peut d'ailleurs voir les blockhaus de la seconde guerre mondiale émergée de l'eau.

Dernière particularité géologique, c'est le "platier" rocheux qui porte bien son nom au niveau de St Palais sur Mer entre la conche de St Palais et la baie de Nauzan de Vaux sur Mer : la corniche de Nauzan. Position idéale qui offre une vue panoramique sur la mer avec de gauche à droite, l'estuaire de la Gironde, la Pointe de Grave et le nord de la côte Médocaine avec Soulac-sur-Mer, le phare de Cordouan, l'Océan, la corniche des Pierrières jusqu'au Pont du Diable et au delà jusqu'au falaises de la Grande Côte. On se croirait sur un volcan sauf que la surface est composé de roches biodétritiques, c'est à dire une roche sédimentaire qui est composé de squelettes d'organismes vivants. Un oeil un peu curieux y trouvera facilement quelques fossiles sous ses pieds.