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Herlin Magazine - Journal sur l'actualité et le paysage du littoral


La météo est-elle devenue folle ? Les côtes sableuses vont-elles disparaître ?

Publié le 7 Février 2014, 12:19pm

La météo est-elle devenue folle ? Les côtes sableuses vont-elles disparaître ?

Alors que les Etats Unis et le Québec subissent des froids polaires, la France et en particulier les côtes ouest de notre territoire subissent tempête sur tempête.

Tout a commencé fin décembre 2013 et les médias se sont vite emparés de ce fait météorologique. Et puis début janvier, alors que la France commence une nouvelle année, les articles de presse et les journaux télévisés ne parlent que de cela : inondations, crues, vagues submersibles sur le littoral, vigilance orange, rouge etc... La célèbre station balnéaire de La Baule fait alors parler. En effet, les grandes marées sont couplées à une baisse de la pression atmosphérique qui engendre une surcote tout cela triplé par des vents tempétueux venus du sud. Ces 3 facteurs cumulés sont assez rares.

De l'autre côté de l'Atlantique, les américains subissent des températures polaires allant parfois jusqu'à des températures ressenties à -50°C.

Alors y-a-t-il un rapport entre ces deux phénomènes ? Et bien, la réponse est oui. Commençons par cette vague de froid américaine. Elle s'explique par le vortex polaire. Celui-ci est un régime de vents très violents (autour de 300km/h) qui tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, à 16km d'altitude et autour de 60° de latitude. Ce vortex est en temps "normal" ce qui maintient l'air froid sur l'Arctique. Le vortex est associé au Jet Stream, un bandeau de vents qui sépare l'air froid de l'air chaud à plus baisse altitude (de 8 à 12km). Souvent l'hiver, ces deux régimes de vents se renforcent et peuvent créer des méandres descendant vers le sud. Du fait de ce déplacement, l'air froid descend vers des latitudes moyennes, d'où le froid polaire sur la côte est des Etats Unis. Le Jet Stream quant à lui, s'accompagne de froid sur "sa rive gauche" et d'air chaud sur "sa rive droite". Vous l'aurez compris, nous sommes du coté droit du Jet Stream. Les températures sont au-dessus des normales saisonnières, l'anticyclone des Açores est chez lui comme souvent, mais celui de la Sibérie reste aussi chez lui alors qu'en période hivernale, il vient parfois se rapprocher de la France. Pas d'anticyclone sur l'hexagone en hiver, pas de froid et pas de soleil et surtout pas de lutte contre les dépressions qui se donnent, elles, à coeur joie surtout sur les côtes bretonnes.

Ces quelques explications données sur les grands flux atmophériques, revenons à notre tempête venue du sud. Des tempêtes venant de l'ouest sont assez communes en période hivernale, c'est d'ailleurs pour cette raison que de magnifiques baies ensablées se sont formées et que des populations s'y sont installées. La Baule en est l'exemple typique. Forte de cette attractivité balnéaire, des concessions de plage ont été délivrées. Aujourd'hui, il existe 45 restaurants de plage. Quelques uns ont beaucoup souffert lors de cette tempête de début d'année (4 à Pornichet et 12 à La Baule). Pour la plupart, ces restaurants sont fermés après les vacances de la Toussaint et ne rouvrent qu'à celles de février. Mais rien n'est démonté et ces établissements sont fermés comme une résidence secondaire. On y laisse là, la terrasse, les fauteuils en cuir à l'intérieur, la vaisselle etc... Lorsqu'un phénomène tempétueux est annoncé, on érige une "colline" de sable comme une barrière face à la mer. Mais ce merlon de sable est vite effacé par la mer et la tempête, aussi vite qu'un château de sable d'enfant l'été. Oui, nous sommes chanceux de pouvoir aller dîner ou déjeuner dans ces restaurants avec vue sur mer et doigts de pied dans le sable ; oui tant qu'à faire, un repas élaboré dans une cuisine aux normes c'est mieux ; oui des fauteuils confortables pour déguster tout cela, sont plus agréables que des chaises pliantes mais il est là le hic. Ces structures selon le décret qui les régit et la loi sur le littoral, devraient être démontées l'hiver. Comment concilier qualité d'accueil, normes sanitaires et démontage ? Difficile, surtout que les propriétaires de ces concessions de la plage de La Baule n'ont jamais démontées leur structure, que l'état, les communes ont toujours laissé faire. Leur présence est certes indispensable au secteur économique principal de la baie qu'est le tourisme mais un peu de bon sens "messieurs et mesdames" les restaurateurs. Quand vous procédez à votre fermeture annuelle, prévoyez un budget pour la location d'un garage et entreposez votre matériel coûteux ; protégez vos vitres avec un système similaire à ceux qui protègent des crues (panneau métallique fixé par un système à glissières) et surtout ne soyez pas amère contre dame nature.

L'homme s'est installé tardivement sur le littoral car la mer faisait peur, elle est restée longtemps aux mains de quelques irréductibles habitants qui s'adaptaient des circonstances. N'oublions pas que Escoublac-le-Vieil (le bourg initial de La Baule, voir le 1er épisode de La Baule sur Herlinmag) a été ensevelie par les sables. A l'époque, l'homme reculait alors dans les terres, aujourd'hui, il essaye de combattre la nature. Les concessions de la plage de La Baule autrefois délivrées par les maires des communes, sont aujourd'hui du ressort de la préfecture. Or, pour réparer les dégâts laissés par la tempête, avec des aides financières de leurs assurances, les restaurants de plage ont besoin que le préfet déclare ce phénomène météorologique comme catastrophe naturelle. Cependant, peut on qualifier cette tempête de sud couplée à une marée de fort coefficient comme une catastrophe naturelle. Certes, à ce jour, ce type de phénomène est rare mais le changement climatique mondial est en plein essor et au fur et à mesure des années, les coefficients de marée augmentent. D'ailleurs, le SHOM qui édite les cartes marines réfléchit à une nouvelle cartographie des côtes. Les niveaux des hautes mers étant cartographiées par un coefficient de 120, une mise à jour prochaine devient indispensable.

Le préfet a donc demandé aux restaurateurs de plage de "tirer les leçons de l'expérience qui vient de survenir" et donc de démonter leur établissement l'hiver, alors, il déclarera la tempête du 2 janvier 2014 comme catastrophe naturelle. Faudra-t-il déclaré ces phénomènes qui risquent d'être de plus en plus fréquent, comme une catastrophe naturelle ? Ne faudrait-il pas plutôt que dans les contrats des concessions de plage, il soit mentionné que les établissements doivent prendre leur disposition pour limiter les dégâts de leur bien et leur faire surtout prendre conscience que le littoral est une entité géographique en perpétuelle mouvement. Certes, les tempêtes de ce début d'année 2014, ont été tellement violentes qu'à certains endroits, l'érosion prévue sur une période de 50 ans a grignoté des dunes en un jour. Je ne peux alors que citer Alain Miossec, spécialiste du littoral, professeur émérite de géographie : " A l'heure image, les populations littorales s'efforcent de faire barrage.Leurs réponses sont parfois dérisoires, d'autres s'appuient sur une étude sérieuse de la dynamique marine, cherchant à jouer de la mobilité des sédiments ou à s'appuyer sur les forces naturelles pour mieux les contenir. Empirisme d'un côté, positivisme scientifique d'un autre côté ont été les réponses opposées aux flots." Apprenons à assumer nos choix, arrêtons de nous étonner de la Nature, le littoral s'étudie qu'avec des termes évoquant le mouvement : hydrologie, dynamisme, déplace, s'affaisse, grandit, recule etc... 60% de la population mondiale vit dans une zone côtière, il y a peut être à prendre l'expérience et les idées de certains et de brasser cela avec un peu d'écume et beaucoup d'espérance.

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